Le théatre Constant, Maison 1.4
Cette version n'est pas la définitive, mais elle me va. Pour ici. Y compris les passages dont je sais que je ne les aimerais jamais pleinement - c'est ainsi que je les veux malgré.
Elle s'intitule " des lectures du Promeneur". Elle fait absolument suite aux 1.1, 1.2 et 1.3, qui se trouvent plus bas.
aison
4
l’Histoire : Nombres : les plaignants et le juge.
combien de dommages cause le vent ?
deux :
anéantir la fleur ; anéantir le pauvre :
un homme que sa pauvreté rend timide,
un coup de vent le dépiaute.
la fleur n’est que ce qui la compose :
périanthe, étamine, pistils, feuilles, tige, racines, etc.
l’homme également n’est que ce qui le compose,
chairs, muscles, os, sangs et liquides, cheveux, ongles, nerfs : une addition.
exemple de la fille pubère amoureuse :
montante marée des sens / mes
impatience / souffles
je ne sais pas / ce que je dois espérer
( je ne sais pas ce que je dois espérer )
souffles et marées / abîme et sigê
intellect, vérité, verbe et vie / homme et femme
glace ou vent / fou ou licol
vrai ou faux ce jeu de / l’autre de joug et de brisant ?
ne te résignes pas à nommer cette faim là avec leurs noms
mille et mille et une fois sans dire répétés
comptines des anges / mécaniques érotiques
filmographiques angulaire des doigts
/ trop connus ! trop connus !
mais
o ma faim ma faim est trop forte et trop intime !
( et son sourire est mouillé / comme une étoile )
et ma faim et son sourire sont / hautes syzygies
une ogdoade secrète guette mon faîte / et mon flux, mon étal, et mon reflux !
pourquoi céder et croire sans lutter ?
les fantômes ne parlent pas / les sens sont-ils
sinon images d’images seulement
comme si cela pouvait combler ! - ils rêvent / ils rêvent !
tous ces mots qui suggèrent / rien
pour Personne - un chemin qui / absente
ce matin elle s’est exaspérée
bouleversée de loger tant de cavernes
tous ces vents souterrains
ces concavités
tant !
pauvre et riche
place forum agora putain entremetteuse
toutes ces histoires lui ont vrillé l’entraille
alors s’il faut se résigner à ce qui est là en train
de naître de monter
elle contre elle-même se bien vouloir
fonder dans l’en-vie le / le jeu de la feuillée et de la joie
autre chose voudrait et ne veut pas
ah ! elle avait dans le sûr mis tant de foi
toute tendue comme un fil de coton frais
droite en ses cheveux miel d’acacia
et c’est de là que la meute est venue
comme un suaire féroce entre connu et inconnu !
alors sur les trop antiques rouets de la parole,
de sa jeune langue elle s’écrie :
"oh ! que jamais ne tombe dans le brouet des mots connus
le mouvement des vents le sourire des genets
la marche des amants, le cri des fourmis !"
une autre voix qui est aussi la sienne aussitôt lui dicte le répons :
"rougeurs logées dès avant ta naissance
le nom que le monde donne à ce que tu éprouves à présent, c’est :
"n’a pas de nom" :
"n'a pas de nom" marqué au fer rouge,
l’innommable des galériens, des bagnards, des réprouvés"
"oh je veux bien mais ne veux pas - pour rien au monde !
que coagule dans le brouet des rabâchés le mouve que je kiffe !"
mais voilà les phrases celles qu’étaient vagues et navires
et berceuses et féeries et contes de mariées en robe blanche
qui remeutent et chuchotent à présent
gloussant dans les sinus de longs glouglous de cidre dur
giclées de cris de mécaniques oranges
( citron vert citron acide )
et des foules gra gras graves gravides mon mon montent et
ment mentent mon mondent immonde
émondent et san sans sentent descentes
puis blan blanches s’im s’immobilisent
des foules fou des foules blanches immobiles sur la place de l’aigle
Elise église
des foules blanchissent sur la place de l’église
déplient les volets, replient les volets
( citron vert citron acide )
fe feu femelle feuille fouille fille femme
donnabelle chapeau pointu coifettehareng
Mademoiselle Machin, vieille fille,
doigts pointés, doigts crochus - Qui,
longs bras qui nus qui gantés
vers le bas à travers ci cils citrons verts citrons acides des rideaux ragotent
des deux ou trois choses qu’ils savent d’elle
( elle : toi )
alors, tricotant seule de son visage dressé la ruelle qui s’en va,
elle s’est drapée dans la voix haute de son corps ;
riante et claire, elle a interpellé le village aux foules embusquées :
"eh ! vous ! paroles de vent ! autant en emporte le vent !
vous suivre ou vous comprendre, autant vouloir lier le vent !
alors au vent je vous envoie, et moi, je met ma plume - au vent !
et que mon vent me porte et vous - soyez à la merci du vôtre - du vent !
l’expression n’est pas aisée, d’accord, mais mon sens c’est pas du vent !
c’est bien facile pour vous, ensemble, mais ça n’empêche
que j’ai raison et puis d’ailleurs voilà : bon vent ! "
alors de la solitude étendue de sa voix
fière, elle a fait ce serment à sa copine :
"je voudrais bien mais que jamais ne coagule mon vïbe
dans le ragoût noeud-noeud de leur perversité !
tsé-tsés ! taches !
qu’ils ferment leur boite à camembert, qu’il la rouvrent au dessert !"
et sa copine, plus âgée, a répondu :
" il est bon pourtant eux aussi de savoir les entendre,
si tu ne veux pas, à la fin, ne fendre que le vent."
alors elle est entrée vers la pente de falaise seule
courant et mouillant ses pieds nus dans l’herbe chaude
déroutant masques
persiennes
mères
conseils
astrologues
conjonctions
jalousies, jalouses
envies
elle a interrogé les pétales de quelques marguerites qui poussaient
là et les marguerites poussent ainsi
sans savoir ni prétendre :
"il m’aime
un peu
beaucoup
passionnément
à la folie
pas du tout"
et des fleurs qui lui répondaient " pas du tout ",
c’est avec a propos, tout à fait, qu’elle les a rejeté,
il me semble. Et qu’elle laisse ainsi pas mal de fleurs dépiautées,
ce n’est pas là vraiment un bien grand mal et c’est d’ailleurs
tout à fait comme le vent / qui sait s’il aime ou pas ? Qui ? Personne,
dont nul ne sait s’il aime ou pas
fait quand il rencontre un pauvre :
à savoir il l’épiaute il l’effeuille il l’épouille il l’assaille le dépouille il l’arrache il l’emporte
il disperse ses membres d’un bout à l’autre du monde
et puis à la fin il le jette,
sauf s’il lui répond mot pour mot comme il lui plait d’entendre.
et c’est après tout bien assez beau à mes yeux de toute manière.
c’est la fin de l’exemple de la fille pubère amoureuse.
soit, mais qui doit on considérer comme pauvre ?
selon l’esprit :
celui qui ne se satisfait pas de son sort.
en effet celui qui ne se satisfait pas de son sort est déjà
comme pauvre dépiauté et tremblant par le vent dilué.
selon la chair :
ah ! selon la chair, je sais !
est pauvre celui qui ne mange pas à sa faim,
qui n’a pas de lieu où dormir,
à qui le temps pour penser est volé, l’énergie accaparée.
et pourquoi ne se satisferait-il pas de son sort ?
parce qu’il n’a pas de quoi songer à en changer.
changer de sort ? songer ? pas de quoi ?
il n’a pas d’autre sort que celui que lui impose le main et la langue des hommes :
celui-là, c’est le pauvre ! ah ! je sais bien !
l’opprimé, le malade de corps ou d’esprit : oui, celui-là, c’est le pauvre !
puisse-t-il ne jamais se satisfaire de son sort, celui-là !
puisse-t-il ne jamais sur ses deux genoux tomber,
mendier au carrefour des ruelles !
et pourquoi se satisferait-il de son sort ?
pour satisfaire les tenants de la réponse selon l’esprit ; pour répondre selon l’esprit ; pour
posséder un esprit.
solution :
le vent anéantit le pauvre, il emporte ses parties de bout en bout du monde.
éffeuiller la fleur, effleurer le pauvre : il ne reste rien de la fleur ni du pauvre.
soit, mais qui est pauvre ?
celui que le vent anéantit ; et il emporte ses parties de bout en bout du monde.
combien de noms ?
quatre !
les noms propres ; les noms de choses ; les noms pour raconter les histoires ; les noms de
grammaire.
combien de noms propres ?
trois !
les noms de lieux ; les noms que les humains donnent aux vivants ; les noms de lieux qui sont
de main d’homme.
exemple des plaignants et du juge : variation un :
deux potes s’engueulaient sur la place contre le mur de l’église
pissaient, se la foutaient dessus, la main sur le crâne,
des phalanges, des dents,
et presque de la bouteille, tesson cassé sur la borne du coin.
juste avant d’en arriver à ce point, bouteille brandie
dans un éclair de souvenir de leurs bons instants ensemble,
tombant dans les bras et les nez l’un de l’autre,
crachant postillons et larmes de colère attendrie
ils se dirent qu’il valait mieux aller s’en jeter un petit
en hommes au bistrot, on est pas des bêtes tout de même,
où il y aurait certainement ce fils de pute de juge
dont on a rien à foutre bien sur personne n’en n’a rien à foutre
d’ailleurs pourquoi est-ce qu’on l’appelle le juge
personne sait
si c’est que le troquet s’appelle le Tribunal
on pourra toujours l’écouter
que ça paye pas de pain et que ça serait plus drôle que de se tabasser en suisses
et émus d’émotion magnanime
sur la bouche en frères ils se baisèrent
avant de s’en mordre un pan d’un coup de dents
le premier était riche : les tourelles d’un manoir se dressant sien sur la prairie
un moulin avec d’émeraude sienne ou d’or des bruyères bien penchées
vers les bourbes du sien rivage ;
de nombreuses autos patientaient dans des allées :
celles-ci soumises à de bizarres incurvations :
si flexibles sont les ruches !
murets de granit étalant des nombres ingénus
du temps passait en longs crachins obliques
des soleils se fiançaient à des nuits
- " fiançailles avec céréales" -
noces, noces et orgies bâchées par des ciels
- "au bestiaire des couleurs"-
tournois et coupes dessus les mers
— où les miels s’esquissent :
cyan, magenta
jute clair
lait débordé
paon
pers
prusse
roi
sarcelle
sable
albâtre
crème cassé
alizarine
andrinople
nacarat
céruléen
melon
mimosa
miel
moutarde
véronèse
prasin
lichen bouilli
céladon
à peu-près-sauge
cuisse-de-nymphe
fuschia
dos-de-souris
poil-de-taupe
motte-d’automne-lavée
le linge-est-sur-ton-sein
grège-surpris-au-bain
gris-de-lin
gris-de-maure
tourterelle
emballage-donna-soft
obione trempée
obione mouchettée
trop-près-du-feu
cobalt
acier
cyan
grenouille
vessie de poivre
gris pourchassé
malachite
pomme
pistache
olive"
des matins aux soirs, entrées et sorties
or nul ne s’éloignait jamais des environs pour aller jusqu’en ville
( sauf par erreur : errance ivrogne ,
ou néssécité : paperlarlassantes paperasseries,
je vais-au-docteur )
donc il leur semblait qu’à lui
tout était : le bien, le bon, le clinquant :
tout ce qui sur terre, la leur, réjouit l’oeil et la fesse ;
lui-même, en plus, assez facilement en graisse
enfonceur de portes ouvertes
surtout comme il disait comme o, la bouche joufflée
la plupart du temps banal
spécialiste des ah-ben-dis-donc
bienheureusement assis dans ses bajoues :
bref - fait, fort bien, pour passionner l’envie.
quand au second lorsque j’y pense son apparence m’évoque
absolument un pis de chèvre stérile :
poilu, maigre, enroulé, torve
aussi grincheux que la femme à barbe
naturellement bavard, bonne faconde, rigolo, pauvre, cancaneur
si pauvre qu’on pensait et disait parfois de lui :
" ah ! il ne possède que la parole !"
or si c’était pour se moquer
( en amulette contre l’acide de ses plaisanteries )
c’était aussi pour son éloge
comme si on avait du même coup dit de lui :
"c’est un homme, seulement un homme, un homme seulement."
bref, leur querelle,
fallait qu’ça s’assouvisse
qu’sans vice ça s’assagisse
si on voulait pas qu’tout mal finisse
au tournevis et à l’hospice
ouai je l’expose sans malice,
qu’on sache ce qu’il s’agisse :
c’était quelque chose comme toujours
le riche qui r’proche au pôv’ de s’ fout’ des choses qui sont à lui :
et en effet présentement
mais il faut reconnaître que le chemin du pauvre passe devant la maison du riche
où la maison du riche borne l’allée du pauvre
et que la façon dont le riche a de se plonger dans sa piscine
donc à chaque fois que le pauvre marche sur son chemin,
or qu’il a avec, celui-là, telle manière de se faire un air rusé, pas figue
ni raisin à se croiser les bras et lever le sourcil, toujours du même côté,
car ça aurait de quoi enrager même un bouddha de zen ou une Suzon au bain
on se demande bien des fois mais où est donc Ornicar
aussitôt arrivé au Tribunal
ils se présentèrent au juge :
le juge, c’est Loki, et dès qu’il les vit,
bien ébouriffés et pas mal avancés en vin
il se demanda quel intérêt
il allait bien pouvoir tirer de cette histoire :
cette affaire est totalement ridicule, c’est un fait, se dit-il,
ça n’a pas de sens
commençons donc par trouver le sens de cette histoire
ça sera toujours du temps de gagné,
le sens c’est l’intérêt,
pour songer à en tirer quelque chose de plus substantiel
- voyons donc voir qu’est ce que vous vous reprochez exactement ?
- il me nargue avec ses mots O
il est trop piquant sympa mais piquant acide amer O
je ne peux plus profiter de ma piscine sans mauvaise conscience ( soupir )
chaque fois que je me baigne il se fout de ma gueule
ça barbote le plaisir
- il me frustre avec ses biens
il ressemble à un phoque dans un verre d’eau
il gâche le paysage avec ses constructions
- c’est du vol ni plus ni moins voilà ce que j’affirme
à quoi bon être le plus riche du coin si
il n’a qu’a travailler
- on étais dans la même classe
sauf que son père était riche et le mien a du fermer sa boulangerie
- hola, reprit le juge sévèrement :
ton père était boulanger ? c’est bien cela ?
- oui.
- et maintenant toi aussi tu pétris les mots,
tu mouline les moulin à mots ! quelle honte !
maintenant je peux bien juger de votre histoire
mais tout travail mérite salaire
( comment comptez vous me payer ? pensait-t-il,
en argent ou en réputation ? )
il me semble, moi, que qui va m’offrir sa tournée, voila là question !
( et il se dit qu’il faudrait faire durer cette histoire
tant qu’il puisse boire à l’oeil autant qu’il pourrait,
et que la pluie passe et l’après-midi
et voir s’il pourrait tenir jusqu’au soir avec ces foutaises )
la première question est de savoir ce que vous vous reprochez l’un à l’autre ;
ensuite nous établirons si vous avez raison de vous le reprocher ;
ensuite si les reproches sont fondés ;
ensuite nous verrons si on peut résoudre la question ;
et si vous n’avez pas raison de vous faire des reproches,
nous verrons comment corriger ce tord ;
et si les reproches ne sont pas fondés,
nous verrons s’ils est possible de les fonder ou pas ;
et dans ce cas nous essayerons d’en discuter en toute justice ;
ensuite si la question a une solution,
nous tacherons d’établir cette solution ;
et si elle n’en n’a pas, nous verrons bien ce qu’on pourra faire à la place ;
et si il n’y a rien à faire, on reprendra toute la question d’un autre point de vue ;
donc pour commencer, qu’est ce que tu lui reproche ?
- il me vole mon plaisir
- il n’est pas capable de rire, ce porcelet, de plaisanteries anodines
parce qu’il est friqué, il voudrait en plus de la considération,
toute la considération du monde
alors que moi qui n’est pas un rond,
je ne réclame qu’un peu de bonnes attention
en souvenir du temps passé, de nos pères, et de l’école
- n’essaye pas d’attendrir le tribunal avec des considérations circonstancielles
qui n’ont rien à voir ni ici ni ailleurs.
comment peut il te frustrer
puisqu’il te donne l’occasion de faire des bons mots ?
si tu n’avais pas l’image de lui dans la piscine
tu ne pourrais pas faire les phrases qui
- j’en trouverais d’autres
- là n’est pas la question restons-en à ce qui est
c’est déjà bien assez embrouillé comme ça
( plus j’y pense, plus votre affaire me parait extraordinairement
complexe et digne d’intérêt )
le fait est que si tu n’avais pas l’image de ton ami dans sa piscine,
tu n’aurais pas cette montée de mots
voilà donc établi le fait indubitable suivant :
les mots te viennent autant de toi que de lui
- ah ben dis donc, et donc il me vole
et je peux bien t’assurer que ce qu’il dit, ce n’est pas ma piscine qui le lui dit, o.
mais bien son mauvais esprit, sa rancune gratuite, sa méchanceté, sa
- je ne juge pas des caractères dit le Juge ( le juge, c’est Loki )
en faisant signe qu’on lui verse encore un verre
mais savoir d’où viennent les bons mots ?
si ils viennent de lui ou si ils viennent de toi ou d’ailleurs
qu’est ce que tu en dis, toi ? tu me parais raisonnable.
- je dis que j’en ai rien à branler
et que c’est pas du tout la question
d’où viennent les mots
mais qu’il possède tout et il n’est pas fichu
de prêter même l’image de ce qu’il possède !
- je ne juge ni des caractères
ni de l’ordre ni du désordre du monde, proclama le juge
car telle n’est pas l’affaire de la justice !
- bin bien tu ne juges ni des caractères ni des faits
je me demande alors ce que tu fais ?
- je m’occupe des petits désordres locaux, dit le juge,
dans le cadre du grand ordre du monde
- ah ! ben dis donc ah ! ben dis donc
- ne remet plus en cause la légitimité de la justice
n’attente pas à la dignité de la Cours, dit Loki,
fais moi confiance, je mène ma barque, j’ai douze ans de barreau,
revenons à la question :
à qui sont les mots ?
quand à toi, la piscine est certes à toi sans le moindre doute
mais son image, dis-moi, son image ? l’est-t-elle ?
- l’est-elle ? l’est-elle quoi ?
- à toi ? Son image ?
- j’y comprends rien dit le riche
- l’image de ta piscine, est elle à toi
de la même façon que la piscine est à toi ?
- ah bein dis donc
- à qui sont les images, n’est-ce-pas ?
c’est peut-être bien là le fond de votre problème, n’est-ce pas ?
est ce que ce n’est pas là le vrai sujet sous-jacent de votre débat ?
- ouai ! trop puissant !
- mais le plaisir que tu dis qu’il t’a pris,
est ce aussi une image ou non ?
- une image comme celle-là ? demanda le riche en montrant une affiche
- oui, par exemple.
- je sais pas...
- c’est bien pour ça que je suis juge,
dit Loki et , en se tournant vers le serveur :
une autre bouteille s’il te plait, pour expliquer ! sur son compte !
vois ce vin, reprit-il :
il faut l’ouvrir pour le boire ou bien est ce que le plaisir de voir la bouteille fermée te suffit ?
-non
-il faut donc que le vin soit versé pour qu’on en ai du plaisir ?
-oui
-il faut que tu te baignes dans ta piscine pour que tu en ais du plaisir ?
-oui ( et qu’il se taise )
-n’attente pas à la dignité de la Cours
la question est : est ce que le plaisir de boire est l’image du vin ou bien est ce le vin lui
même ?
- boire boire boire
-c’est donc à consommer le vin que le plaisir du vin naît ?
c’est donc à consommer la piscine que le plaisir en vient ?
- moui
- et l’image que tu donne te toi en te baignant dans ta piscine, voilà son plaisir à lui
et comme l’ivresse est l’image du vin
en quelque sorte il s’enivre lui de ton image en train de ses baigner dans la piscine
et alors pris d’une divine émulation
-d’une quoi ?
- émulation, entousiasmoss, frénésie créatrice divine, verve, petit génie malin, délire
prophétique, inspiration
ta piscine , tu n’y peux rien de rien, l’enivre comme le vin enivre celui qui le boit
si tu as du plaisir à ta piscine sans la consommer
- attends, je traduis, dit le pauvre :il veux dire :
"si tu pouvais profiter de ta piscine sans y barboter
comme un porc dans sa soue"
- il faut bien que tu te baignes dans la piscine
- " il faut bien que tu crapotes dans ta flotte "
- pour avoir du plaisir, n’est ce pas ?
- "pour faire dresser le morceau ?"
- oui non
- et non seulement ça mais tu ne peux pas te baigner dans la piscine sans en avoir du plaisir
- " et non seulement tu peux pas te faire sucer sans cracher..."
- de même que tu ne peux pas boire du vin sans t’enivrer
au point que ce que tu cherches dans le vin
ce n’est pas le vin mais bien l’effet dérivé du vin quand tu le bois
à savoir l’ivresse
comme l’effet de ta piscine est ce que tu en cherches et non la piscine elle même
qui serait comme une bouteille fermée si tu ne t’y baignais pas
de même que ce n’est pas le miroir qui est recherché lorsqu’on s’y regarde
mais bien l’image qu’il renvoie
et ainsi de suite de toute chose
- je vois pas le rapport
- mais si tu le voyais tu en aurais de la joie, non ?
- hein ?
- confiance . commande nous une autre bouteille en attendant
je tiens toute l’affaire je gère
et je suis heureux je dois dire d’avoir affaire à des gens aussi remarquables que vous deux
ce qui n’est pas si fréquent dans ce maudit village
( à ses mots le riche bomba le torse
et le pauvre se pencha en avant et pris un air rusé et intelligent )
non, ce n’est pas si fréquent que des gens se battent pour des questions aussi fondamentales
que des problèmes d’une si haute tenue philosophique
passionnent à ce point les gens qu’ils soient jusqu’à se battre pour ça
c’est admirable tout à fait admirable
ça mérite bien une tournée
Alann ! amène une autre bouteille, s’il te plait !
- c’est tout honneur, dit Alann en débouchant une bouteille ; maître ?
- j’espère qu’elle n’est pas bouchonnée, celle là dit le juge (le juge, c’est Loki)
- si elle l’est, je t’offres le bouchon, maître, dit Alann
- j’y compte bien et offres moi la monnaie aussi, dit le juge
- la prochaine fois, avec les intérêts, dit Alann
- commence par les intérêts, dit le juge : qu’est ce que c’est entre nous ?
- alors, il est bouchonné ?
- eh non, malheureusement ! dit Loki
- je te salue, maître,dit Alann en s’inclinant
- je me prosterne, dit Loki en lui montrant son cul, et je te lèche les godasses
- c’est trop, c’est trop, dit Alann
- point, point ! car ton vin est excellent !
et c’est justement ce dont nous étions en train de causer là entre nous
et je salue ( devant tous ! devant l’univers ! devant tous les admirables usagers de ce
merveilleux café ! à tous ! à chacun ! et tous pour un et un pour tous ! à votre santé ! à la vie !
à la pensée ! au vin ! au feu ! au feu ! au feu ! au feu les pompiers ! bordel j’ai la gorge en feu! à boire ! à boire ! Alann ! à boire ! à boire ! )
- bois bois, mon ami, bois Maître.
- je disais donc devant tous que je te rendais grâce pour la raison que tout en servant cet
admirable nectar non bouchonné je l’atteste, non bouchonné, tu, mine de rien, ramène la
conversation à l’essentiel, exactement au sujet qui nous préoccupe en ce moment. et cela est
rare et digne des plus grands convives et des plus exquis hôtes !
- merci, dit Alann
- digne des musaraignes, des ragondins, des locustes et des pucerons et des dieux de l’olympe
et du panthéon de nos pères Toutatis et Astérix : tu es digne des ragondins et des pucerons,
Alann, mon échanson !
- de quoi est ce que vous parliez ? dit Alann
- c’est privé, dit Loki en lui tournant le dos, strictement confidentiel
ou est ce qu’on en était, lascars mes chéris, mes amours ? dit le juge
en se retournant vers les deux ; juste au commencement, je crois ?
les débats durèrent longtemps :
combien sont ce qui varient sans changer ?
trois :
les noms propres des lieux de pierre,
les émotions qui s’attachent aux noms et les lieux-dits.
noms propres des lieux de pierre :
s’effilent, s’éfaufilent, s’effilochent, floches :
autant que varient les noms et les accents,
néanmoins le nom demeure.
le corps de l’homme avant sa mort :
toutes ses cellules partent, mais lui demeure.
les émotions qui s’attachent aux noms :
s’affaiblissent, pâlissent.
comment ?
par la fréquentation prolongé du lieu-dit.
lieux-dits : noms-dits, noms répétés, noms attachés :
noms propres sur lieux de pierre.
combien de noms pour l’eau qui tombe ?
poudre, rayas, drache, grêle, égagne, rosée, bruine, mouilline :
la chose n’en est pas changé !
mais la grêle détruit les moissons alors que la rosée humecte les vignes !
comment pourrait-on dire que c’est la même chose ?
responsable !
Comme celui qui fréquente dix fois le même lieu :
ce n’est pas le lieu qui change :
pas responsable !
que serait l’histoire du conteur sans les noms qui la disent ?
première vision : le corps :
celui d’un homme frotté sur quelque chose,
épissoir ou économe, qui s’éplucherait en mots.
deuxième vision : la râpe de la réalité :
les noms : des trucs qui s’effritent, s’effritant,
comme une pomme de terre crue sur la râpe des évènements.
troisième vision : le moulin :
le meunier verse un sac de Lieux sous la meule
et en fait de la farine de mots, ou d’histoires.
à quoi travaille le vent ?
au pain, aux histoires.
blute, bale, son, fane, noms-pour-raconter-les-histoires :
le vent les emporte de bout en bout du monde.
qui est premier de l’histoire ou des noms ?
que devient l’histoire quand on en change les noms ?
quand peut-on dire :
c’est exactement les mêmes phrases mais c’est une toute autre histoire ?
quand on aime à nouveau,
après une grave déception amoureuse.
exemple du juge et des plaignants : conclusion.
à la fin le juge dut rendre son verdict :
- étant donné les parties en présence,
après examen des arguments présentés par la défense et la partie civile,
jugeons les deux avoir raison,
pas dépourvu ni l’un ni l’autre
d’argumentation et de jugeote merde ! ça en jette
ni d’intention par contrition réciproque,
regrets et chapeaux ronds et rond rond rond petit patapon,
stipulons selon le un, le deux, le trois et le quatre placés dans l’ordre à l’arrivée :
un, deux , trois, quatre,
de penser comme celui-ci et d’agir comme celui-là,
sans dommage, je m’en tape,
1. lieux, évènements, réalité.
2.causes, motifs, raisons.
3.arguments, explications.
4.dromadaire, composant, durant.
et le numéro complémentaire
cependant, soucieux de ne pas occasionner la capitulation des bonnes volontés,
pleinement conscient de nos pleinement conscient houla ça glisse
de nos responsabilités et possessions de nos moyens
même sur une jambe et le pouce sur le nez
et compte tenu du fait que le désespoir n’existant pas
faut pas avoir peur
je la met dans mon chapeau, elle me dit qu’il fait trop chaud
nous estimons parfaitement
jugeons et ordonnons dans la même foulée que devra commencer ici une autre histoire,
qui n’aura rien à voir
avec tout à fait exactement les mêmes mots et les mêmes phrases
laquelle sera la sienne autant que la sienne que la sienne,
que la mienne que celle de tout le monde,
qui sera une nouvelle chanson que plaise ou déplaise,
les plaignants renvoyés aux haricots,
je chanterais moi-même nananère
afin de ramener l’ordre et la paix dans votre beau ménage
et pour le petit cadeau adressez vous à ma secrétaire à Alann
et c’est la fin de de l’exemple des plaignants et du juge.
C’est par quelques chiffres que ça a commencé
à dix neuf heure quarante sept
il flutaillait au flageolet, au roseau et à la grande flûte.
maigre, brun comme une chèvre.Tibi sur scène.
à vingt heure dix huit ma voisine à son amie a dit :
il a un accent hongrois.
( et sous-entendait : l’as tu remarqué ? )
à vingt heure trente et une
l’amie à ma voisine a dit :
mais il est pourtant bien yougoslave ?
bien sur ! Nous sommes tout simplement de la même ville.
à vingt trente deux
et à vingt heure quarante et une du cinquième jour du mois d’Eloul
de l’année tashass de la création du monde, j’ai dit :
est-ce qu’il flûtaillait déjà, là-bas ?
oui, là-bas, déjà il flutaillait.
Il flutaillait au flageolet, au roseau et à la grande flûte.
puis l’amie :
et pourquoi alors a-t-il un accent hongrois ?
( elle l’a dit et l’entendait de même : pourquoi a t il un accent hongrois ? )
a répondu :
Bien sur ! C’est tout simplement sa langue maternelle.
il jouait, dans la communauté juive, tu sais.
( comme ça : lala virgule, virgule la - point )
Je sais, tu sais. Le vent frais.
Sa corolle clapote o l’balifote d’mun rgard.
avons perdu
Safi, Azemmour, Alcacer Ceguer et Arzila
Amboine, Ormuz et Malacca.
exemple des plaignants et du juge : seconde variation :
Athéna déesse sage marchait pieds-nus
dans le Péloponnèse dans un chemin au sud
et se mit à souffler dans un roseau trouvé
à cet effort ses joues telles des crapauds-buffles s’enflent
ses lèvres fines et charnues ressemblent à la lippe des boucs en rut
ses yeux sont des sangsues gorgées et veinulées
ses cheveux en sueur s’emmêlent en tas hideux d’aspics fasciculés
Hélas guidés sans doute par le funeste hasard
trois jeune jolies bergères
filles des rivages et des champs,
à cet instant passèrent en chemin
revenant de puiser
à la claire bouche d’un puit
l’eau fraîche qui gazouille ;
chacune en souriant s’incline vers sa soeur
et sans plus songer à mal,
désigne la Puissante et lui murmure
- t’as vu la figure qu’elle a ?
Et de rire, du rire de castagnettes des adolescentes.
en rage alors la déesse d’un même geste jette
gringoles de roncier en travers du sentier
flûte au sol et grimace au visage de prune
de la plus jolie des rieuses la malheureuse
pauvrette hurlante et trépignante en vain
tu veux arracher le moule qui te défigure
à pleines mains tu empoignes tes lèvres et tes joues
tes paupières, tes pommettes, tes fossettes,
tes gencives, tes sourcils, tes maxillaires,
tes lobes et tes orbites
tu tord et tu essores, tu frappes pour les ôter
tu craches par les trous des larmes et des morves
mais plus tu tords et plus tu souffres et plus tu souffres et plus tu tords
quand se dessèche ta peau de pulpe fraîche
elle se racornit comme au feu l’écorce d’une orange
comme un parchemin dans un grenier oublié
et l’eau de la douleur s’enfuit à la cave du coeur
et désormais le venin des vieillards te souffle désormais
te souffle ta conscience désormais pour toujours
tu seras l’épouvante des hommes,
o Gorgone, gardienne des eaux froides
mais Dionysos qui est Pan a trouvé la flûte
et en a fait l’instrument dans lequel
les bacchantes souffleront désormais
après y avoir ajouté un gland percé d’une fente
et enduit du suc du coquelicot
pour la facilité de la chose
Athéna opte pour
la lyre calme d’Apollon-soleil, son frère
qu’il se fit dans la carapace d’une tortue.
et ainsi finit la seconde variation de l’histoire des plaignants et du juge
et que celui qui le veuille selon son pouvoir la comprenne.
soit pour les lieux, les pauvres et les noms ;
mais combien de temps ?
des myriades, et tous dans la main de l’Eternel qui est Un.
exemple de moi-même : un : le monde.
je criais à cette époque
ma face sera dure devant la leur
je ne serais point la flûte des femmes
de même les diseux-d’avenir de la Chine de jadis
présentaient au feu des écailles de tortue
afin de lire dans leurs craquelures
les traces de ce qui n’est pas encore patent
mais qui déjà s’écrit là
feu mâle sur tortue femelle
moi je criais
je ne serais point la flûte des femmes
je suis le feu à l’écorce nouvelle
tandis qu’allaient en rêvant les bacchantes :
est-ce de la fente de la flûte que jaillissent birèmes et cortèges ?
tandis que la nuit encore baignait
de pampres vineuses les campagnes tranquilles ;
sur la mer, pulsation d’étoiles et de houle
frémissant comme un cheval le bateau creux
humait de sa proue le thym et le laurier du large
quand l’aube en sa lutte confuse au loin parait
aurore aux cuisses de pétales au sortir de la nuit,
et la campagne au chant d’élytre des grillons s’éveille ;
ho ! ho ! tel un grand oiseau lent s’ébroue sur la mer
le navire et sa proue vers l’aurore qui point,
clapots sous la carène bombée
double-paire de rames par les dalots
manoeuvrant la bouche égueulée de l’amer
et phosphorescente s’étire à la poupe l’écume de crème
légère traîne d’épousée, cheveux de miel,
et lentes, les bacchantes allaient par les sentiers ;
des doigts des amantes du dieu s’écoulaient les chapelets d’argent
en files se divisent et confluent en colonnes
et les flambeaux frappant des monnaies
dans les creux rougeoyantes des ombres
yo yo yo les torches joyeuses allumées au feu clair
au centre de la nuit, pérégrinent vers la lumière du matin
apparaissent et vacillent au loin entre les bois
vers le large, milliers d’écume d’ambre vers chaque demeure
argent, or, elles s’en vont en cordons
les calmes bacchantes amoureuses de l’enfant dieu
s’en viennent dans les campagnes vers les villes
et la mer se couvre de dauphins et de vignes et de grappes
chaque grain à l’effigie du dieu, dyonisos-bouclé---
vous savez je raconte donc je brode je l’avoue
sans certitude de bien agir et en justice
eut égard à la vérité
non pas tant de mes pauvres exploits
mais celle qui anime le soleil et les autres planètes
mais qu’y faire je ne suis plus qui j’étais
et ci je dis mon récit comme il parait
où je suis maintenant
s’il parait biseauté c’est forcé
j’avais en ce temps la conscience affamée
je courrais après les scintillements
la sueur sur la peau des femmes et l’or
si j’étais frustre ou ignorant
s’il est de par le monde et par l’esprit
d’autres richesses d’autres beautés
plus hautes suavités ignorées du vulgaire
puisque selon ce que j’étais je goûtais le meilleurs
qui oserait prétendre que jamais je fus en manque d’excellence
j’étais ce que j’étais comme je suis ce que je suis
et tel j’étais je suis encore et toujours je serais
je mourrais irrésigné
jamais je ne me contenterais de moins que de mon plus
donc s’il est vrai
que les aventureuses passions de mes hiers
où en entier et en riant je me brûlais
parfois vu d’aujourd’hui me semblent
des haies de pâturages clos
qu’ainsi en jugent seuls les sots :
car flammes ou pâtures j’y étais tout entier
et même un tout petit peu plus
qu’importe si d’herbe, d’eau claire ou de feu
l’important c’est de brûler
et si la torche est de luzerne humide
pourvu que j’en fis mon bûcher
seuls les imbéciles jugent l’homme qui se donne en entier
et même si dans ma besace secrète
j’avais par devers-moi gardé quelques victuailles
que j’eu pu partager avec mes frères de rire ou d’illusion
quelques lamentations pitoiyeuses, une ou deux plaintes commisératives
deux petits trois rires d’une tendre lâcheté
eh bien cela aussi est passé !
o professionnels de la profession du pardon
avocats des pardonnés d’avance
vous, tous les spécialistes des comptes et mécomptes,
subtils psychologues des sous-couches des causes inconscientes,
renifleursinsatiables des crédits et débitsdesquart-d’actes inaccomplis :
puisque la vérité
est si bien cultivée dans vos cénacles laborieux
en tout je promène ma promenade sauf en elle :
de bon coeur je vous laisse le soin de vos débats fondamentaux :
moi, j’étais crevé
dégoûté
j’ai vu la bête, cette tortue
j’ai couru
je me suis couché dessus
je l’ai retourné
je l’ai crevé
je me suis endormi
j’ai plus de souvenirs que je n’eus de conscience
vous voyez ce que je voulais dire
bien sûr vous voyez ce que je voulais dire
vous l’avez vous même pensé bien des fois
lorsque vous et moi nous allions promener
la musique de tout ce que nous voulions
au bord des rives des champs et des sillons
au coeur des accents et des tons
nous nous contions l’épopée des peuples
dans le jappement des petits chiots
recouverts d’Arlequins
et ici finit l’exemple du monde.
soit, mais combien de parties a l’âme ?
cinq.
cinq parties, une âme unique
(contrairement à ce que prétendent les philosophes)
exemple de moi-même : deux : le même de moi :
j’étais de retour à Jérusalem
sans parvenir à cesser de gré ou de force
de songer à l’amour qu’ils avaient voulu me recouvrir de
donner un sens à ma vie
faut pas déconner tout de même
pas étonnant dans ces conditions
qu’ils aient découvert l’amérique
quand j’y pense,
il faut que j’ai le coeur bien endurci
pour ne pas en hurler de rage et de chagrin :
dire qu’ils croient réellement que tout est découvert,
qu’ils ne nous reste, pauvres derniers hommes,
qu’à comprendre comment ça marche !
tout à l’heure j’irai à Tel-Aviv pour commencer :
j’ai pris le pli, le sale pli du sens et du chemin :
je suis malade en somme de mes efforts à guérir
et je barbote entre au moins deux raisons :
mais c’est bon cela goûter de l’intérieur le goût du sens
sucer la moelle de l’avenir et du progrès
je distingue l’amère saveur de l’ambition
ça peut servir c’est sûr plus tard
j’emmagasine de l’expérience
c’est sûr c’est le goût commun
rentabiliser mes années de france et d’étude
reconquérir ma liberté d’avant
n’avoir pas fait tout ça pour rien
me reforger une bonne félicité
celle qui était dans le passé et dont je me souviens
même que la lune en est témoin
enfin j’ai un projet : amen
retrouver les souvenirs passés
ainsi soit-il
ressusciter le cadavre et s’enfiler à l’intérieur
alléluia
alléluia mon âme alléluia
et tu étudieras
le sourire intérieur
à adresser suivant la loi de domination
Coeur
Poumon
Foie
Rate
Rein
sexe
coccyx
sacrum
vertèbres
crâne
visage
ou selon le cycle des engendrements :
Coeur
Rate
Poumon
Rein
Foie
sur les routes dehors, sur les routes dedans
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire