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Michel Gerbal
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Je me préparais à vous proposer quelques profondes remarques matutinales - hésitant un peu à centrer sur l'étonnant humour de Philip ( K ) Dick tel que me le révèle l'à-mi-chemin du premier tome de ses nouvelles parues chez Gallimard;
ou bien avec l'aide du mythe de la tour de Babel relever quelques unes des plus pernicieuses confusions de notre temps
( à savoir : confondre comprendre et connaitre, la folie qu'est de se vouloir compris ( donc compréhensible - quelle horreur ! ), que telle serait une fonction essentielle du langage, alors que non: se comprendre, c'est en fait rien de moins que la destruction de toute littérature, de toute culture, qui déploie ses espaces et les propose comme champs commun justement dans l'incompréhensibilité, ainsi: oui, la littérature est nécessaire en tant qu'elle rappelle que l'humain n'est jamais compréhensible par l'humain ( l'adulte ! ) et du même mouvement fait chanter cette bénie douloureuse frustrante stimulante présence qu'est ne pas être compris, jamais, ( ce qui rend caduque vous savez bien : cette profusion actuelle de préceptes, qu'on nomme très justement des " mêmes" - et c'est ... une saloperie au fond tout à fait fasciste ),
et comment il se pourrait bien après tout que la racine de la création artistique ( consubstantielle au phénomène humain lui-même ) soit à chercher du côté d'une émulation à IMITER l'incompréhensibilité - ce TABOU : interdit de considérer que tout soit compréhensible ET interdit de ne PAS l'approcher - donc tendre, tendre vers;
glanant au hasard quasiment ce qu'un soir de deuil amoureux, et très légèrement grisé par quelques verres de bière j'avais noté ainsi sur un comptoir à Jérusalem:
si je ne savais pas qu’écrire
est incompatible à la
longue à la longue
avec l’alcool.
si je ne savais pas ça : avec
quelle quelle aisance si je ne savais
pas ça avec quelle aisance je deviendrais
un ivrogne !
car l’alcool dissous les
noeuds.
( mais l’écriture les fait chanter )
; et j'y aurais ajouté en guise de remarque incidente à quel point donc à quel tragique point ce monde résolument voué à ce que Marx nommait la vulgarité de la société marchande se trouve réellement l'Ennemi de toute vivace vivifiante culture ( et ainsi les quelques lecteurs qui feignent d'aimer ce que j'écris qui se trouvaient ci et là sur mon ancienne page fb pourraient mieux deviner pourquoi je l'ai fermé, cette page, pourquoi non pas le mutisme mais bel et bien l'écart et le silence m'attirent fortement et pourquoi je crois ( sais ) en quoi par là est pourtant l'avenir, eh oui ! ( et je suis sobre, toute ma vie est sobre extraordinairement, même défoncé jusqu'au jusant des moelles j'étais sobre, toujours );
mais voici qu'une amie m'envoie une image de l'Idole, ce chaton, qui est divine comme vous le constatez - ses yeux ne sont-ils pas des soleils ? n'est-elle pas, elle, féminine ? ) : Or désirant VOLER son image pour l'offrir en partage comme Promethée notre Maitre offrit le FEU à l'humanité - voilà qu'aussitôt, la MACHINE m'impose à la suite des facsimilés de deux ou trois pages de mon carnet - des pages oubliées de moi - et je ne sais pas pourquoi elles apparaissent là, ces pages, et c'est effrayant, mais la DÉESSE l'a voulu - je ne vois pas d'autres explications.
Voici donc enfin l'essentiel, alpha et oméga de tout. Garde, O Déesse, ton serviteur en tous ses sentiers, guide moi à travers les cuves sombres du temps, mène les hommes et femmes justes au soleil double de tes iris de feu où les orgies n'auront plus de cesse.
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