mardi 14 mars 2023

je lègue

 


Testament : 

 

je lègue -

une chaussure vieillie , durcie

près de la marche poussiéreuse.

une coquille d’œuf - un quart.


une araignée décédée, 

à temps et contre temps,

persistant ses coquilles de mort,

fort hrignoteuse sa mort,

ses ardeurs et rumeurs, 

sa brisure heureuse sous la marche

puisque ses syncopes ne comblent

ni caveau ni mesure.


un placenta de lueur autour du cadavre.

poussière de paille ou de sable, 

la quatrième saison -

dont détails : 

quelques points noirs,

quelques germes blanchâtres, 

quelques radicelles,

pousses d’herbes, d’infimes torrents, 

quelques hordes nerveuses 

en fuite entre des portillons sous-terrains,

et un bishop errant qui vendrait des chocolats.


au dessus du porche, une mémoire : 

si c’est celle de l’araignée, je vous en laisse le choix !

les tuyaux des orgues à l’aplomb de la nef.

plus loin, la clé des brumes mousseuses 

le vertige d'une prairie, 

la rivière fraîche derrière la sylve double

que, pour l’entendre malgré l’avoine qui bat

un jeune lièvre se dresse. 

jusqu’un autel spontané,

d’algues, de pierres.


encore ! c’est une graine : 

et l’araignée qui parle dirait :

à la fin toute brisure se fait paume, 

et larme dans la paume élevée,

ou toute rosée baume sur les plaies -

murmure plus doux que les téguments du soir !


et d’ici jusque là,  je tisse —

le chiffre des corbeaux incompréhensibles

jusqu’au retour de la partie adverse 

à la table des négociations.


si la vie est un rêve, sur ce rêve,

sur ces vers, des ombres de ta beauté,

ta beauté demain s’élèvera

dans toutes les mémoires à venir.




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