dimanche 23 mai 2021

manif à Tel Aviv

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Je ne vais pas traduire plus d'une heure de discours.
J'en ai pleuré d'émotion. D'espérance. Je vous assure : il y a un certain temps, lors de circonstances guerrières similaires, j'avais voulu parler à un confrère théatreux palestinien. Je voulais lui dire : il faut continuer à travailler - ensemble. Il faut collaborer, en partenaires, ensemble, quelques soient les folies alentours. Eh bien, il avait refusé. Malgré lui-même, ( durant cette conversation, on baillait, lui et moi, on ne cessait pas de bailler. ) il m'avait dit : non, il faut encore beaucoup de sang. Il le disait tristement, et je comprenais pourquoi il disait ça - parce qu'un début de guerre qui est, en réalité, une guerre civile, ça attaque un lien qui unit les humains, qui fait en réalité que les humains sont humains, quelque chose qui est difficile à définir exactement, mais dont on découvre qu'il est de l'ordre de la raison même, je veux dire qui s'oppose au chaos psychique, à la folie. Le début d'une guerre, ça s'attaque à ça. Et alors il est infiniment plus facile de se choisir un camp parmi ceux qui se présentent, qui sont partagés. Sinon, eh bien, Jaurès, lui, il se fait assassiner. Mon collègue ( ce n'était pas un ami, une connaissance sympathique, disons ), il n'arrivait pas à cela. Je le comprenais, parce que le prix à payer en angoisse à refuser de "choisir", à continuer à affirmer qu'on ne voulait pas ça, qu'il y avait un autre chemin, je le connaissais par moi-même, ce prix à payer. La guerre elle-même est moins, beaucoup moins angoissante, affolante, que ces jours là qui la précèdent.
Je pense à cet homme - et je vois aujourd'hui que cette fois, maintenant, eh bien ils y arrivent, en Israël, à Tel Aviv, à affirmer ce que j'essayais déjà de dire à l'époque : non, nous pouvons, nous devons refuser d'être ennemis.
C'est exactement ce qu'ils disent, là, d'un bout à l'autre de cette émission.
Et puis il y a ce détail qui n'est pas un détail - parce que c'est la même chose au fond : ils le disent au féminin et au masculin. Ils disent qu'ils ne veulent pas non plus d'oppression des femmes. Qu'ils veulent une égalité, une "shoutafout" - un partenariat ( le mot est plus fort en hébreu ) et non pas seulement une co-existence. Ils ( elles ) veulent vivre ensemble. Ils ne le disent pas seulement en arabe et en hébreu, ils le disent en féminin et en masculin ( le verbe a une désinence différente en hébreu au féminin et au masculin ).
Voilà, tout cela, moi, j'y reconnais la réalité de la vie quotidienne, là-bas. Et comme je suis heureux qu'elle arrive à se dire, à manifester, à s'exprimer en exigences sociales !
( Et il serait grand grand temps, incidemment, que les militants "pro-palestiniens" à l'étranger se décident à l'entendre, ça. Ce profond désir de vivre ensemble, de travailler ensemble. Et malgré les cris des multitudes effrayées et des dirigeants qui n'aiment jamais rien tant que la peur et le désespoir de leurs ouailles, c'est de cette réalité là, le fait qu'on vive, de fait, ensemble, que la vie dans ce pays est faite, et c'est seulement là dessus qu'il y a un espoir pour les uns et pour les autres. Telle est la vérité : on ne peut pas aujourd'hui être "pro-palestinien" sans être "sioniste", pas plus qu'on ne peut être "sioniste" sans être "pro-palestinien". )
Et puis si il y en a besoin, alors il y a aussi David Grossman, écrivain célèbre ( et très bon ), qui vient dire la même chose.

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