Bonjour
bonjour
bonsoir
ça y est
c’est parti
c’est bon
ça recommence
ça continue
mots
invasion
encore
et sur chacun
chaque partie
de mots
de mot
mot mot
encore
encore encore
encore toujours déjà
toujours toujours tout le temps
paquets d’émotions de plus en plus
ces trucs là
les émotions
dégoûtantes
dégoûtantes d’émotions
sur chaque mot sans arrêt
( comme - )
( mais chutt ! Prudence
avec les comme -
paix dans l’azur
prudence silence
avec les comme )
aujourd’hui même
chaque mot
déguisé
en nom propre
( ou bien l’inverse :
les noms propre
qui font semblant
d’être très très commun
irréprochablement
commun )
ça fait une de ces foules dis donc
des foules de masques
biologiquement
s’en foutent
de mes humeurs
fatigue ou enthousiasme
pourtant
pourtant moi
je suis un
handicapé
un peu de respect
je vous prie
un peu
d’attention
je vous dis que
je souffre
d’une inflammation chronique
au langage
braillent les masques
je veux je veux je veux
fais de moi je veux
un personnage
maintenant et partout
pour toujours
ou bien meurs
est-ce que je sais faire ça moi,
je gémis
mais ils s’en foutent
par pitié
taisez-vous
hors de moi
non je ne sais pas je ne sais pas
parler
la langue la française
elle m’aromate tout vif
me bandelette
me goudronne
me vide organes
mais chaque mot personne personage lieu forme histoire intrigue
m’embraille
moi je sais moi je sais
ils disent tous
( c’est ça
ils disent ça
tout le temps )
ce qui fait que
pratiquement
je me demande
je demande à vous
qui vous tenez
là
de l’autre côté
derrière l’éblouissant
le merveilleux
voile tissé
dans les fils de lumière
par chaînes et trames
navettes enchantées
de la Fée
( elle habite dans une bulle d’aurore
se vêt d’une pelure de cristal de roche
ointe d’un etcétéra de lilas fané
des papillons font sa coiffe fraiche
les clochettes la salue
et par les yeux des écureuils rapides
est aimée )
vous
je ne vous vois pas
n’est ce pas
derrière ça
mais je sais
je sais
que vous êtes là
je vous entends
respirer
ou vous racler
les peaux des gorges
je vous demande
devrais je
ne plus parler du tout dans cette langue
genre
vœu de silence
ou alors retrouver un brin
de vie sociale
( après tout qui est plus sociable que moi ! )
la dilection des contrariétés des paroles civiles
je me demande
comme si le choix m’avait jamais appartenu !
( ce matin l’arbre devant la gare
ses oranges ses élans ses flammes vertes
ses flammes rousses
ils criaient à moi dis nous dis nous dis nous
et moi oh lâchez moi foules amours
teintes et rumeurs je te prends en photo
ça ira comme ça ?
non, lâche, minable dis nous dis nous dis nous
tout de suite maintenant )
( ou bien )
( meurs )
( et puis )
eh bien comme le temps passe !
si tard déjà
je ne vais pas vous
retenir
plus longtemps
merci pour votre attention
nous avons passé
une excellente soirée
vraiment
je vous remercie
hélas
il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte
je vous souhaite
une excellente suite
une excellente nuit
( mg. op 27102022 )
Bonjour
on reprend
autre chose
entre deux
vous et moi
la pause d’avant
la pause d’après
parce que voilà
j’ai étudié
la qualité de votre silence
cette nuit
( nous sommes en octobre 2022 )
et pour tout dire
j’étais couché sur mon futon
or quand je dors seul
j’aime une moitié de corps
en extension
et je remonte une jambe très haut
presque genou au menton
quand je dors seul
mais je préfère dormir
dans l’odeur d’une femme
c’est tout à fait extraordinaire
de dormir
à deux
le corps s’emplit doucement
d’un autre soi
imperceptiblement
imperceptiblement
ceux qui affirment que le sommeil
est une sorte de petite mort
il faut vraiment être un homme célibataire
pour dire des choses comme ça
c’est idiot
une femme ne dirait pas
ça
même dormant seule
elle aussi pourtant mais
il me semble que les ravages
du dormir seul
établissent bien plus lentement
un
irrémédiable chaos
désolation ! l’horreur ! l’horreur !
chez une femme que chez un homme
elle verra pas ça venir
tandis qu’un homme
il hurle
passe la nuit
à retenir
à empêcher
sa verge coupée
de basculer
par dessus le parapet
dans l’eau sombre et glacée
et foutre le camp
à la nage
et toute la journée ensuite
le charmant trot des heures
il l’occupe,
l’homme,
à rechercher le membre perdu
( les hommes qui dorment seuls )
tandis qu’une femme ne perd rien
à dormir seule
des mois des ans
elle ne sait pas
elle ne saura jamais
quelle épouvante ça lui monte
dans l’âme lentement
de n’être pas
incomplète
Koulou koulou koulou
Koulou koulou
j’ai donc analysé la qualité
de votre silence
tout à l’heure
disais-je
or pour tout dire
j’étais couché sur mon futon
quand je dors seul
la nuit
j’aime une moitié de corps
en extension
et je remonte une jambe très haut
presque genou au menton
mais j’aime mieux dormir
côte à côte contre ma femme
( quand j’ai une femme
pas n’importe
laquelle
une femme pour qui
je suis son homme )
je trouve c’est extraordinaire
de dormir
à deux
le corps se vide lentement
imperceptiblement
imperceptiblement
de soi même
ce qu’il ne peut pas du tout
parvenir à faire
lorsque il dort seul
certains affirment que le sommeil
est une sorte de petite mort
eh bien c’est tout à fait juste
je trouve
cela confirme vraiment
que la nuit
tous les hommes
hommes et femmes
s’envolent
jusqu’à
la Chine
hun vêtu de la soie des vers laborieux
teintée par le sang bleu des cochenilles
emporté par dessus les haies de thuyas
plane jusqu’aux pagodes écarlates
sous la lune jaune et pudique
pendant qu’ici po froidit en attendant
l’éclosion aux cieux de la nouvelle pâquerette
comment parmi toutes les pelotes des esprits assoupis
hun retrouverait-il son chemin vers l’Occident lointain
sinon en suivant le fil du souffle
de ma compagne endormie près de ma glaise ?
Où irait l’esprit de ma compagne endormie
parmi tant de pelotes des esprits assoupis
si ce n’est dans son corps près du mien endormi ?
ma femme
maintenant qu’elle dort
toute seule
toute seule
pour toujours
qu’elle dorme toute seule
pour toujours !
elle dort toute serrée
enroulée sur elle même
c’est pas du tout la même chose
que le sommeil viril
d’un homme
voyez vous
elle retourne à l’état de fœtus
toute seule
pour toujours
elle a pas vu ça venir
la solitude qui lui rentre
dans les os
elle n’est même plus née
franchement
c’est nul les arabes les courtois
eux, ils se châtrent exprès
elles, elles s’enthousiasment
à se frustrer
par pur conformisme social
notez bien
après
ils cherchent le graal
c’est forcé
elles les voilà
muses
encore un harem
elles l’écrivent même pas
la poésie qu’elles inspirent
soit disant
et c’est bien ensemble
qu’ils veulent en faire
une norme sociale !
eh eh
tant pis pour toi
t’avais qu’à pas
partir
soit dit en passant
sans rancune
maintenant tu cherches tes mots
en vain
tu veux partir jusqu’à
la Chine
en vain chaque
nuit seule
tu te retrouves à nager
en harem
au harem de personne
t’aurais pas du
faire ça
et toute la journée ensuite
il l’occupe,
l’homme,
à rechercher sa verge perdue
dans les eaux sombres et froides
à la nage
et elle toute sa vie ensuite
elle ne saura
plus jamais
quelle sécheresse
comme un parfum
d’Arabie
dans l’âme
lui est venue
à se croire complète
toujours
toujours
jusqu’à la fin du monde
oh mais déjà si tard
et je n’ai même pas eu le temps
de commencer
déjà il va falloir
nous déprendre
mes amis
pour ce soir
allons
chacun vers son sort
qu’il soit bon ou mauvais
cela ne dépend pas seulement
de nous
je vous souhaite une excellente soirée
une très bonne nuit
( mg. op 28102022-1 )
Bonjour
nous revoilà déjà
bienvenu
vous avez remarqué ?
j’ai dit la Chine
l’Arabie
et non pas
en chine
où je ne sais pas
en arabie saoudite
aux émirats arabes
ce sont des terres imaginaires
moi aussi
je suis l’imaginaire
toi aussi
tu es l’imaginaire
je te dis tu
à toi
lecteur
qui lit ces
mots mots mots
maintenant
ou qui les entend
peut-être
comme j’aimerais
qu’ils le soient
par la bouche
de quelque comédien
sera-t-il assis
sur une chaise
toute simple
de bois et de paille
ou bien choisira-t-il
de palier par la richesse
de son corps expressif
à la pauvreté de notre discours indigent ?
mais de grâce
n’étouffez pas
d’artifices d’argent
la présence d’une parole
qui se cherche
dans l’obscurité d’une chambre
comme la flamme d’une bougie
vacillante mais noble
par les textures bienfaisantes des choses
dans le double miroir de nos yeux
emplis de remuantes pénombres
que de la rencontre
de vos arts
toi qui parle toi qui écoute
l’artifice soit seulement pour porter
sa lumière
et non pour se montrer brillant
que dis je porter la lumière ?
non, mais bien inventer
le chant nouveau d’une
nouvelle lumière -
tiens ! disons qu’elle serait
celle salée d’une étoile
certaine
à ce prix seulement
du sacrifice momentané
des plaisirs de la vanité
nous parviendrons entre nous
peut-être ici même maintenant
à repeupler l’espace vide
de notre scène
de notre vie
de tout ce que nous saurons
capable d’imaginer
entre deux souffles
deux nuits
pour enchâsser
demain et demain de demain
livrés aux rumeurs et fureurs
il serait temps vraiment
de repeupler
ensemble
l’étroite scène
du bref théâtre de notre temps
avant que ne dénouent nos ombres chères
leurs rires et leurs étreintes
dans l’impitoyable clarté
( mg op 28102022-2 )
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