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comme je
déambulais dans la ville étrangère
or toutes les
villes sont étrangères sont composées
pour approcher
tant l'homme de l'homme
qu'il lui faut de
soi devenir l'étranger
je n'étais plus assez
rapide
devenu
sous-traitant d'une pensée produite
Que sont-ils les
déambulants à inventer dans l'espace les pistes du rêve
contre les signes
en frappant du front et des poings les vitrines
mais
pistes-bessueilles seulement, l'hélas du rêve-de-tous
pauvre rêve levé à
courre à cors et couru, acculé
pantelant, à la
fourche étroite au delta du sommeil
là, encagé,
condamné à tenir le registre des transactions ratées des journées
lui dont la
puissance était fondé
rumine de confuses
vengeances et va et vient dans ses barreaux fermés
grondant parfois
jusqu'au dehors de sa geôle nocturne
pris pour
commencer
levé avec le
précédent
le doigt qui
divise également
tous les doigts
levés exceptés un
l'entaillé
un autre ajouté à
ce qui est déjà compté
deux amenés et
levés avec le reste
trois amenés et
levés avec le reste
tous, exceptés un,
levés avec le reste
tous les doigts
tous les doigts et
un de plus levé
tête coupée placée
en greffier d'un théâtre châtré
Que sont-ils à
inventer dans l'espace les pistes du rêve
ils portent leur
fragment de rêve comme un moignon vivide
honte et jalousie,
rage, douleur et nostalgie de n'être pas
au lieu de l'homme
assis derrière le voile d'eau dure du café
contre les signes
en frappant du front et des poings les vitrines
comme l'errant
fragile des grands-routes aux portes des maisons
toque à la paroi
de la mémoire du pain trempé des draps et du partage
afin qu'il sache
désirer, lui qui les regarde passer, être à leur place
mais il ne
comprends plus la signification de ces murmures
qui lui
parviennent comme les imprécations d'une langue inconnue et lointaine
l'autre côté du
signe est enterré au-d'là du grand sommeil
se souvient-il il
se souvient de quelque chose qui fut très oublié
ailleurs que dans
un temps passé
or toutes les
villes sont étrangères sont composées
et quand bien même
ils cherchent pour trouver autrement
ignorant ce qu'ils
font, assignés à devenir légende
quand ils sont
dénués à s'en réjouir
du regard de
connivence lancé entre vous méconnus
qui les dit malade
et paria et nef des fous aux bonnets aux hochets grêles
clochetants
creux,tintinants dans les doigts de nos longs regards courbes
d'une table à
l'autre par dessus le golfe des travées
ils inventent dans
l'espace les pistes du rêve
contre les signes
en frappant du front et des poings les vitrines
si acharnés à leur
lutte qu'à y voir de ces accords
les nôtres sont
passementeries et franges et lasses
craintives
paresses d'embusqués dont plus ils ne sauraient rêver
mais
pistes-bessueilles seulement, l'hélas du rêve-de-tous
condamné à tenir
le registre des transactions échouées des journées
tête coupée placée
en greffier d'un théâtre châtré
que sont-ils ils
dessinent ils déambulent de leur corps
dans l'espace les
traces d'une carte
ils décrivent des
migrations et des guerres à venir
contre les signes
en frappant du front et des poings les vitrines
comme je
déambulais dans la ville étrangère
je luttais moi
aussi sauvagement contre la bête
en ce temps-là j'avais
16 ans j'étais dans le premier de mes déplois
joyau au front
d'Evolution, fort, joyeux et assassin
créature de signe
et de sens
je chantonnais:
l'homme est un
animal intelligent
différent de
conscience et doué de parole, de bien et de mal
je riais:
c'est fini ! je ne
serais plus votre singe savant
je ne serais plus
l'enfant intelligent aux pommettes trop pâles
ah ! cette
première nuit dans la petite chambre du premier hôtel
où j'ai dormi du
sommeil profond et léger du nouveau-né
je déambulais je
n'étais plus assez rapide
devenu
sous-traitant d'une pensée produite
je faisais eau de
pensées de toute part
fuyant par tous
les bords
percé
terrain conqui,
envahi et brûlé
confondu avec les
palissades des terrains
vagues
j'arpentais de bien
rudes trottoirs de vastes solitudes
si prude que je ne
craignais pas de pleurer
en passant sur les
ponts dont les arches rédigeaient le jugement de dieu
et j'avais 16 ou
dix-sept ans
(...)
... malgré la parenthèse trois points parenthèse, ce texte, le sixième de la première "Maison" de mon "Théatre Constant" est bien ici intégralement.
RépondreSupprimerLe Théatre Constant est une promenade: il y a des chemins qui s'arrêtent, et qu'on reprendra éventuellement plus tard à un autre moment, ou bien dont on retrouvera des signes, similaires, ailleurs. C'est le cas ici: le tout début de la deuxième Maison du Théatre Constant ( les " Thèses Inconnues" ) reprend ces " 16 ou dix-sept ans, sous un autre angle.